II La décroissance semble utopique...

 
« Croyez-vous encore qu'une croissance infinie soit possible sur une planète où les ressources sont limitées ? »   Frédéric Beigbeder


 
A- Un changement difficile

   Aujourd’hui, des angoisses appparaissent quant à l'impact de la croissance pour l'environnement mais curieusement on continue à favoriser la croissance.

Les démographes prédisent actuellement que la population mondiale serait de 9 milliards d’humains en 2050, contre environ 6,5 milliards aujourd’hui. Ce chiffre n’est qu’une prévision même s'il n'en est pas moins interpellant.
La planète pourra probablement supporter les 9 millards d'habitants prévus mais à condition de changer radicalement de mode de consommation. La question alimentaire va se poser mais devra répondre aux critères suivants. Produire plus :
• avec moins de pesticides et d'engrais chimiques
• maintien de la superficie des terres cultivables
• avec limitation des prélèvements d'eau des nappes phréatiques


 Pourra-t-on vraiment nourrir notre planète avec une agriculture locale, sans engrais chimique ?
Au delà de l'agriculture, il faudra aussi remettre en cause notre modèle de développement et notre mode de vie qu'il va falloir transformer de fond en comble.


 

 

 

Parallèlement à l'accroissement de la population, on assiste aussi à une volonté d'accéder à une qualité de vie supérieure. Des centaines de millions d'Indiens et de Chinois souhaitent accéder au même niveau de vie que les Occidentaux.
Ces pays en voie de développement aspirent à une croissance qui pourraît les amener à un meilleur bien-être.

Egalement, la décroissance signifie pour certains un refus de la modernité ou la crainte d'un retour à la tradition, voire aux fondamentalismes. Si renoncer à l'automobile ou sortir du nucléaire n'est pas envisageable, des gestes plus simples  paraissent tout aussi surréalistes comme par exemple troquer les couches jetables contre les langes lavables ou jeter l'ordinateur ! Cela montre que même si nous pouvons faire des efforts, nous ne sommes pas pour autant prêts à renoncer aux progrès technologiques.

En dépit des proclamations écologistes, les grandes forces politiques, elles aussi, persistent à vouloir réorienter l'économie marchande, sans imposer de trop fortes contraintes afin de ne pas casser la croissance et l'emploi.



Le bilan du sommet de Copenhague qui s'est tenu en 2009 sur le climat en est un exemple ! Un accord sans ambition...et sans contrainte. Le principal échec de Copenhague est l'accord obtenu par les Etats-Unis et la Chine lors de discussions parallèles. Ce document non contraignant est bien en deçà des volontés affichées. Son contenu est loin d'être à la hauteur des attentes que la conférence avait soulevées: s'il affirme la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, le texte ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre, se contentant de prôner la "coopération" pour atteindre un pic des émissions "aussi tôt que possible".  En France, comme partout ailleurs dans le monde, associations et partis écologistes sont unanimes : cet accord ne va pas assez loin. Certains, comme les Verts français, estiment qu'il s'agit d'un "lamentable fiasco".

 

B- Un mode de vie spécifique


   Aujourd'hui, moins de 20% des hommes consomment 80% des ressources. Depuis plusieurs années, les richesses ne sont plus distribuées équitablement. Désormais les riches le sont de plus en plus alors que les autres voient leur niveau de vie diminuer. "Par l'accumulation de biens matériels, ils vivent dans l'illusion d'être plus riches que leurs grands-parents" dénonce Jacques Grinevald, mais il analyse que ces gens qui se croient riches n'ont pas augmenté leur bien-être, bien au contraire ! Car il ne prennent pas en compte l'augmentation des nuisances et des contraintes d'aujourd'hui.

La décroissance engendre un mode de vie spécifique. Il faudrait d’abord réduire notre consommation de nourriture en mangeant moins de viande car  la moitié des surfaces agricoles dans le monde sert à produire l’alimentation des animaux d’élevages  : donc manger moins de viande permettrait d’augmenter le nombre de surfaces cultivables pour l'homme. De plus, 1kg de veau correspond à un trajet en voiture de 220km ou 150km pour du bio.
On devrait aussi restreindre les activités qui ont un impact néfaste sur l’environnement : la production de l’électricité (éliminer les appareils inutiles comme les aspirateurs remplaçables par un balai…) ou encore baisser la température du chauffage, climatisation.
Mais aussi et sutout changer nos moyens de transports (utiliser le vélo, les transports en commun…) et renoncer à partir en avion.

La lutte contre le changement climatique est affaire de technologie, de régulations et de transferts financiers, mais il faut aussi rendre désirable un mode de vie peu gourmand en ressources. Et là est peut-être bien l'objectif le plus difficile à atteindre aujourd'hui.

Ci-dessous, un extrait du film "Into the wild" tiré de l'histoire réelle d'un jeune américain.

Christopher McCandless est un étudiant américain brillant qui vient d'obtenir son diplôme et qui est promis à un grand avenir. Rejetant les principes de la société moderne, il décide de partir sur les routes, sans prévenir sa famille. Il brûle ses papiers et envoie toutes ses économies à Oxfam. Ainsi, il va vivre 'sa liberté' sans argent et sans bien matériel. Il découvre en Alaska le bonheur toujours recherché, une paix spirituelle et une sorte de paradis pur et sain.




La décroissance implique donc de vrais changements de mode de vie et ces modifications peuvent être source de discordes et de polémiques entre citoyens car pour vivre cette tranformation, il faut faire preuve de tolérance. Quand on lit dans la presse qu'aux USA, la bataille des pro et anti "séchage-du-linge-en-plein-air" a déjà fait 1 mort, on peut s'inquiéter !


C- La fin du progrès

   L’énergie fossile est en tout état de cause, limitée. Nul ne connaît d’ailleurs l’état exact des réserves. Un jour viendra ce qu’on appelle le « pick-oil », désigne le moment historique incertain (et cependant proche, dirait-on) à partir duquel les extractions de pétrole deviendraient incapables de satisfaire entièrement la demande mondiale, faute de réserves suffisantes de pétrole conventionnel encore exploitables. La production stagnera, tentera de mobiliser de nouvelles réserves moins accessibles (et donc beaucoup plus onéreuses). La demande continuera de croître. Ce croisement des courbes entraînera une telle flambée des prix qu’elle plongera l’économie mondiale dans une profonde récession.

Si le « pick-oil » arrive avant que l’humanité n’ait préparé des énergies de substitution pour ses besoins fondamentaux, il est à craindre que l’économie mondiale n’ait plus les moyens de financer les adaptations nécessaires. La mutation énergétique exigera en effet des investissements colossaux : mettre en place de nouveaux générateurs, adapter le système de distribution, renouveler l’ensemble des équipements qui délivrent l’énergie aux consommateurs, dans l’industrie, l’habitat, les transports…
Là se situe le véritable l’enjeu, beaucoup plus important que les conséquences du  réchauffement de la planète.
L'urgence, c'est de trouver les énergies du futur, c'est le grand défi du siècle. Il s'agit de passer de l'énergie du stock (gaz, pétrole, charbon...) à des énergies de flux (soleil, marées, vent, géothermie...).

Nul ne sait quand se produira le Pick-oil. Dans 40 ans, 20 ans ou l’année prochaine ! Il est clair que nous ne sommes pas prêts, mais si nous n'accélérons pas les choses, nous n’y serons pas davantage préparés dans 20 ans.


L'économie peut-elle devenir verte ? La conversion écologique de notre modèle économique est une idée largement partagée mais pour la concrétiser, il faudra lever de nombreux obstacles !


 





 

   Nous avons vu dans cette première partie que la décroissance semble difficile à apppliquer et parait donc bien utopique. De plus, la décroissance a ses objecteurs !
C
ertains estiment en effet que la croissance économique permet la création de richesses, d'emploi, l'amélioration du niveau de vie, l'amélioration de l'éducation et des systèmes de santé et l'allongement de l'espérance de vie. Au contraire, la décroissance est considérée comme générant une récession et la conséquence serait la hausse du chômage, perte de pouvoir d'achat des ménages et violences sociales.

 

 

 
 



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