I Qu'est ce que la décroissance ?

 


A- Définition
 
   La "décroissance" est un concept à la fois économique, politique et social. L'idéologie de la décroissance est de montrer qu'augmenter constamment la production de biens et services accroît l'épuisement des ressources naturelles et pourrait conduire à leur disparition complète. 

Face à cette logique , nous n’avons pas d’autres alternatives que de modifier  nos habitudes de consommation et de vie. Pour que les pays les plus pauvres et les générations futures puissent à leur tour bénéficier d’un accès raisonnable aux ressources naturelles, les pays riches doivent en diminuer leur consommation. C’est ce que l’on appelle "la décroissance de la consommation". Il s'agit donc d'une démarche individuelle et collective basée sur une réduction de la consommation.


                           



Les principaux arguments mis en avant pour la décroissance économique sont les suivants:
• L'augmentation de la consommation des ressources entraîne une augmentation de l'empreinte écologique (c'est la surface moyenne nécessaire par habitant pour produire les ressources qu'il consomme et pour traiter ses déchets et ses pollutions)
• L'épuisement des ressources énergétiques: pétrole, uranium, charbon...
• La dégradation de l'environnement : effet de serre, dérèglement du climat, diminution de la biodiversité, pollutions diverses mais également dégradation de la santé des populations (Stérilité, allergies, malformations, troubles mentaux et augmentation du cancer en France...), bien que le vieillissement de la population soit aussi un facteur multiplicateur.
• L'évolution du mode de vie des pays développés: transports, traitement des déchets, alimentation (obésité dans les pays développés, malnutrition dans les pays pauvres).
• L'exploitation des ressources des pays du Sud au profit de ceux du Nord, ressources énergétiques et minières, et ressources agricoles.

Les estimations montrent qu'il faudrait l'équivalent de 3 à 8 planètes Terre pour que l'ensemble de la population mondiale s'approche du niveau de vie occidental ! Il n'y a donc pas d'autres choix pour les 20% des populations les plus riches que de réduire leur production et leur consommation.
Pour cette population, quelques solutions ont été adoptées par l'Etat, par des associations et par les partisans de la décroissance. Voici quelques sites informant des moyens d'agir pour mieux respecter notre environnement et préserver ses ressources :
- http://www.decroissance.org/
- http://www.apres-developpement.org/
- http://www.developpement-durable.gouv.fr/
- http://www.gestes-environnement.fr/
- http://www.notre-planete.info/ecologie/
- ...

Par ailleurs, des labels écologiques sont apparus sur les produits de consommation.
Ils distinguent les produits et les services les plus respectueux de l’environnement. Leurs critères garantissent une réduction de leurs impacts environnementaux tout au long de leur cycle de vie.
- Liste des labels écologiques
 

 
 

B- Origine

  
 
  Le concept de décroissance trouve son fondement théorique chez différents écrits et penseurs du XXème siècle. Parmi les fondateurs de la décroissance, on peut trouver le 'Club de Rome' et Nicholas Georgescu-Roegen sur des aspects théoriques et techniques, mais aussi Jean Baudrillard, André Gorz et Ivan Illich qui avancent des idées assez proches de celles proposées par des économistes contemporains comme Serge Latouche.


Développées dès l’après-guerre, les préoccupations liées à l’environnement et à l’épuisement des ressources naturelles ont été popularisées dans les années 1970 avec les travaux du Club de Rome, avant d’acquérir une reconnaissance internationale dans les années 1980.

Les travaux du Club de Rome, en 1972, introduisent l’idée de croissance zéro, c’est-à-dire l’idée que les écosystèmes ne peuvent supporter une croissance économique illimitée. Il s'agit d'un groupe réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés par les problèmes auxquels doivent faire face toutes les sociétés.
 

 


Nicholas Georgescu-Roegen (ci-dessous) est considéré comme l'inventeur du concept de décroissance et son principal théoricien. Il a également cherché à démontrer que les activités économiques sont de nature entropique : « nous vivons dans un univers clos aux ressources limitées ; chaque ponction de ces ressources constitue un prélèvement irréversible ». Georgescu nous incite à penser à la source de la production. Il démontre que chaque fois que nous entamons nos ressources naturelles, comme les énergies de stock, nous réduisons les chances de survie de nos descendants. Il tente de nous faire prendre conscience de la réalité sur le fait qu’une croissance infinie est impossible dans un monde aux ressources limitées.
Il publie en 1971 un ouvrage intitulé
The Entropy Law and the Economic Process.





 

 
 André Gorz (ci-dessous) était un philosophe et journaliste français. Il considérait la simplicité volontaire comme une nécessité pour lutter contre la misère. L'énergie étant limitée, la surconsommation des uns condamne les autres à la misère. En assurant à chacun l'accès à l'énergie qui lui est nécessaire, le principe de sobriété énergétique empêche les surconsommations injustes et polluantes.
Selon lui, on est pauvre au Viêt Nam quand on marche pieds nus, en Chine quand on n'a pas de vélo, en France quand on n'a pas de voiture, et aux États-Unis quand on n'en a qu'une petite. Selon cette définition, être pauvre signifierait donc « ne pas avoir la capacité de consommer autant d'énergie qu'en consomme le voisin » : tout le monde est le pauvre, ou le riche, de quelqu'un.



Ivan Illich (ci-dessous) est également un penseur de l'écologie politique et une figure importante de la critique de la société industrielle. La principale notion illichienne est le concept de la contre-productivité. Dans le prolongement de l'œuvre d'Ivan Illich, des artistes américains ont imaginé un projet de ville du nom d' «Illichville», elle propose un modèle de décroissance basé sur le refus de la société de consommation et de l'automobile.



Serge Latouche est un économiste français, célèbre penseur de la décroissance. Il est l'un des penseurs et des partisans les plus connus de la décroissance et tente de conceptualiser l'après-développement dans un combat contre le mode de vie, devenu insoutenable, à l'échelle mondiale. 
Il est aujourd’hui le défenseur actuel le plus connu de la perspective de la "décroissance conviviale ". Voici ses principaux ouvrages :

          
         




Vincent Cheynet est né en 1966, il a été pendant une dizaine d'années directeur artistique dans une multinationale de la publicité (Publicis Lyon) avant de se retourner contre son ancien métier. En 1999, il fonde l'association et la revue Casseur de pub. En 2003 il crée le journal La décroissance, le journal de la joie de vivre, un mensuel dont il est le rédacteur en chef. En quelques années, son mensuel a doublé son tirage pour être distribué aujourd'hui à environ 40 000 exemplaires. Un exemple parmi d'autres qui montre combien l'idée de la décroissance, autrefois marginale, qualifié d'insupportable voire de dangereuse par certain économistes et politiciens prend de l'ampleur.
Son ouvrage le plus célèble est "Le choc de la décroissance", livre phare de ce mouvement.


 

Ces grands penseurs sont donc les précurseurs et fondateurs de le théorie de la "décroissance économique". Toutefois, les partisans de la décroissance ne sont pas tous des intellectuels, philosophes ou écologistes. Ils viennent aussi de nos jours, pour la plupart, de mouvements politiques de gauche.



C- Indicateurs



   Le concept de « décroissance » naît d'une remise en cause du concept de croissance économique mais aussi de l'outil utilisé pour sa mesure, le PIB.

Les initiateurs du concept de décroissance affirment que la croissance mesurée par le PIB n'est « que quantitative » puisqu'elle ne mesure que l'augmentation de la production et de la vente de biens et services sans tenir compte du bien-être des populations, de la santé des écosystèmes et des équilibres climatiques. Les partisans de la décroissance affirment également que la croissance mesurée par le PIB est fausse sur le plan économique car elle ne comptabilise pas l'épuisement du stock des matières premières indispensables au système.
De plus, elle ne tient pas compte du fait que
la Terre est limitée aussi bien dans ses ressources naturelles que dans sa capacité à supporter la destruction de son environnement. Le PIB n'intègre pas la totalité des activités productives (par exemple : la production domestique).
Ensuite, il ne tient pas compte des activités nuisibles : production d'armes, de cigarettes... L'augmentation du PIB se traduit aussi par plus de pollution et plus de prélèvements sur des ressources épuisables...


Depuis le début des années 90 , des économistes travaillent à la réalisation d’indicateurs alternatifs qui prennent en considération les questions environnementales.
Même si le plus utilisé pour repérer la croissance économique est le taux de croissance annuel moyen du PNB ou du PIB, les adhérants de la décroissance privilégient des indices de développement alternatifs tels que l'indice de développement humain, l'empreinte écologique, l'indice de santé sociale :

• L'indicateur de développement humain ou I.D.H a comme objectif d'essayer de mesurer le niveau de développement des pays, sans en rester simplement à leur poids économique mesuré par le PNB ou le PIB par habitant. Il se base sur trois critères majeurs : l'espérance de vie, le niveau d'éducation et le niveau de vie.

• L'empreinte écologique est une mesure de la pression qu'exerce l'homme sur la nature.

• L'indice de santé sociale a pour but de mesurer la qualité de vie, prenant en compte le bien-être social.


Le PIB est un bon indicateur mais il est imparfait car il ne mesure que les richesses matérielles.


 

 
 



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